Le Festival Avignon 2025 a marqué un tournant dans l’histoire de cet événement culturel majeur. Du 5 au 26 juillet, la ville papale a vibré au rythme de spectacles, débats et créations qui ont mis en lumière toute la richesse des arts vivants. Cette édition, la 79ᵉ, a été exceptionnelle à plus d’un titre, notamment parce qu’elle a vu la coïncidence du Festival In et du Festival Off, une première depuis plus de vingt ans. Avec pour thème « Ensemble », la programmation a cherché à unir des disciplines artistiques variées et à ouvrir le dialogue entre cultures, avec un accent fort sur la langue arabe comme invitée d’honneur.
Une édition marquée par l’union du In et du Off
L’un des faits marquants de 2025 réside dans le choix de synchroniser les dates du Festival In et du Festival Off. Traditionnellement, ces deux événements vivaient côte à côte, mais rarement au même rythme. Le fait de les réunir a permis de donner une plus grande visibilité à l’ensemble de la manifestation et de créer une énergie nouvelle au cœur d’Avignon. Les spectateurs ont ainsi pu découvrir aussi bien les grandes productions de la Cour d’honneur que les propositions audacieuses de compagnies indépendantes, sans devoir jongler entre des calendriers décalés. Cette décision a été perçue comme une avancée, car elle a favorisé la mixité des publics et stimulé l’économie locale. Toutefois, certains ont regretté une forme de saturation culturelle, avec une offre si dense qu’il devenait difficile de tout suivre, obligeant les spectateurs à faire des choix drastiques.
Un thème fédérateur : « Ensemble » et la place de la langue arabe
Le fil conducteur de cette édition, « Ensemble », a été pensé comme une réponse aux crises sociales, politiques et environnementales que traverse notre époque. Le festival a voulu démontrer que les arts vivants pouvaient être un terrain de dialogue, de cohésion et d’invention collective. Le choix de la langue arabe comme invitée d’honneur illustre cette volonté d’ouverture. Plusieurs spectacles issus du Maghreb et du Moyen-Orient ont été présentés, offrant une plongée dans des esthétiques et des récits rarement mis en avant sur les grandes scènes françaises. Cette orientation a contribué à enrichir la diversité des propositions, tout en affirmant le rôle du Festival Avignon comme carrefour international où se rencontrent les cultures. Si certains spectateurs ont été déroutés par des formes artistiques éloignées de leurs repères, cette démarche a été globalement saluée comme un signal fort en faveur de la pluralité.
Temps forts et spectacles marquants de l’édition
Le spectacle d’ouverture dans la Cour d’honneur du Palais des Papes a été confié à la chorégraphe Marlène Monteiro Freitas. Sa création, inspirée des Mille et Une Nuits, a donné le ton d’une édition exigeante et inventive. Le public a été confronté à un univers foisonnant, parfois déroutant, mais qui a marqué les esprits par sa force visuelle et sa puissance symbolique. La Comédie-Française, institution prestigieuse, a également occupé une place centrale en proposant Le Soulier de satin dans le cadre du In, tandis qu’elle participait aussi au Off avec une pièce plus légère, Les Serge (Gainsbourg point barre). Cette double présence illustre le décloisonnement voulu par l’organisation. D’autres figures majeures, comme Thomas Ostermeier ou Anne Teresa De Keersmaeker, ont présenté des œuvres ambitieuses qui ont attiré un large public. On retiendra aussi la création de Joris Lacoste, Nexus de l’adoration, qui a su mêler théâtre, musique et poésie sonore pour proposer une expérience immersive et novatrice.
Le Festival Off : vitalité et foisonnement artistique
Le Off reste le poumon créatif d’Avignon, et l’édition 2025 a confirmé son rôle incontournable. Avec plus de 1 700 spectacles programmés dans près de 140 lieux, il a représenté la plus grande vitrine du spectacle vivant en France. Ce foisonnement a permis de découvrir des créations variées, allant du théâtre contemporain à l’humour, en passant par le cirque, la danse ou les spectacles pour enfants. Une nouveauté remarquée a été l’ouverture du village Tadamm, un espace spécialement conçu pour le jeune public. Le Label’off, visant à promouvoir de meilleures pratiques professionnelles dans les théâtres, a également été lancé cette année, témoignant d’une volonté de structurer davantage ce festival hors norme. Si la profusion peut sembler écrasante, elle reste l’essence même du Off, qui se définit comme un terrain d’expérimentation et une chance donnée aux compagnies indépendantes de rencontrer leur public et les programmateurs.
Un festival engagé au-delà de la scène
Au-delà des spectacles, le Festival Avignon 2025 a pris une dimension résolument engagée. Un temps fort consacré à l’Ukraine a permis de mêler culture et politique en donnant la parole à des artistes, intellectuels et témoins de la guerre. Ces moments ont rappelé que l’art pouvait être un espace de résistance et de réflexion collective. Parallèlement, le festival a proposé un programme intitulé « Spectacle vivant, scènes numériques », qui a exploré les liens entre création artistique et technologies. Conférences, tables rondes et performances ont montré comment le numérique peut enrichir l’expérience scénique tout en posant de nouveaux défis. Ce volet professionnel a attiré de nombreux acteurs du secteur, venus réfléchir à l’avenir du spectacle vivant à l’heure des mutations technologiques.
Que voir au festival d’Avignon 2025 ? Bilan et critiques de l’édition 2025
Sur le plan de la fréquentation, l’édition 2025 a été un succès incontestable. Le Off a enregistré plusieurs millions de billets vendus, avec des taux de remplissage particulièrement élevés. Le In a également affiché complet sur de nombreux spectacles, confirmant l’attrait du public pour les grandes productions. Les retombées économiques et médiatiques pour la ville d’Avignon et sa région ont été considérables. Toutefois, certaines critiques ont émergé. Le spectacle d’ouverture de Marlène Monteiro Freitas a divisé le public, certains louant sa créativité, d’autres le jugeant trop hermétique. La densité du programme, accentuée par la simultanéité du In et du Off, a aussi généré une impression de saturation. Enfin, certaines propositions artistiques, notamment issues du monde arabe, n’ont pas toujours trouvé l’écho espéré auprès du public français. Ces limites, cependant, ne remettent pas en cause la réussite globale de l’édition, mais soulignent la complexité d’un événement qui se veut à la fois populaire, exigeant et international.
Conclusion
Le Festival Avignon 2025 restera dans les mémoires comme une édition charnière. En choisissant de réunir le In et le Off sur les mêmes dates, en mettant en avant la thématique « Ensemble » et en donnant une place particulière à la langue arabe, il a affirmé son rôle de laboratoire artistique et de lieu de rencontre des cultures. Malgré les critiques liées à la densité du programme ou à certaines propositions exigeantes, cette 79ᵉ édition a prouvé que l’art vivant reste un outil puissant pour interroger notre monde et rassembler les publics. Avignon s’est une nouvelle fois imposée comme la capitale du théâtre et des arts de la scène, et cette édition déjà achevée continue de résonner comme un symbole d’audace et de diversité.